Avons-nous un plan de contrôle du cancer ?

[content_band bg_pattern=”http://coalitioncancer.com/wp-content/uploads/2015/12/light-tile.gif” border=”all” inner_container=”true”]

Au Québec, le cancer est devenu une priorité gouvernementale en juin 2003. Jusqu’en avril 2004, la lutte contre le cancer relevait d’un centre de coordination (CCLC) au sein du ministère de la Santé et des Services sociaux, disposant de très peu de ressources et n’ayant aucun pouvoir.

En avril 2004, la Direction de la lutte contre le cancer (DLCC) était mise sur pied. Son directeur n’entrera en fonction que l’année suivante. Cette direction, bien que mieux étoffée, n’aura malheureusement jamais les moyens pour atteindre ses objectifs. Comme l’observait la Coalition Priorité Cancer au Québec, cinq ans après sa création, les responsabilités de la lutte contre le cancer demeuraient éparpillées à travers plusieurs directions, services et composantes du ministère et de son réseau.

Le 24 septembre 2007, le ministre de la Santé et Services sociaux, Dr. Philippe Couillard, publie ses« Orientations prioritaires 2004-2012 » pour lutter contre le cancer.

Le 27 septembre 2007, 1267 personnes participent aux premiers États Généraux de la lutte contre le cancer au Québec, initié par la Coalition Priorité Cancer au Québec, afin d’élaborer une stratégie nationale pour renforcer la lutte contre le cancer (Les 68 propositions).

En 2008, la situation est devenue telle que, réagissant aux revendications de la Coalition et de plusieurs groupes professionnels et d’associations de patients, l’Opposition officielle à l’Assemblée nationale du Québec déposait un projet de loi visant à créer une Agence québécoise du cancer(1), un modèle s’apparentant aux organisations existantes dans la plupart des autres provinces et dans plusieurs pays de l’OCDE. Cette agence aurait eu pour mission d’assurer une coordination totale de la lutte contre le cancer rapatriant l’ensemble des ressources et des moyens dispersés dans le réseau de la santé. Dans un contexte de gouvernement minoritaire, le projet de loi est mort au feuilleton. Présenté dans une seconde fois en mai 2009, il a connu le même sort.

En 2010, le Commissaire à la santé et au bien-être soulignait que la gestion des maladies chroniques au Québec, incluant le cancer, souffrait d’un manque de coordination et de suivi ainsi que d’outils de mesure de la performance.(2)

Finalement, en février 2011, le premier ministre Jean Charest annonçait la création d’une Direction québécoise de cancérologie (DQC) dont le mandat est de « coordonner les services et les ressources afin de réduire les délais et assurer que toute personne touchée ait un accès rapide aux meilleurs services et aux meilleurs spécialistes au meilleur moment. La Direction québécoise du cancer voit aussi à

l’amélioration continue des soins et des services, au déploiement de programmes de dépistage, à l’utilisation des meilleurs médicaments, à la coordination des soins palliatifs et à la mise en place du registre québécois du cancer pour mieux suivre l’évolution des besoins. »(3)

Le directeur entrera en fonction une année plus tard. En 2013, la Coalition réussit à obtenir que la DQC relève directement du sous-ministre. Un Plan d’action en cancérologie (2013 – 2015) axé sur la mise en réseau des ressources (par opposition au fonctionnement en silo) et un Plan directeur en cancérologie voient le jour à l’automne 2012. Nous obtiendrons par la suite que ce plan d’action soit modifié afin d’inclure la participation des patients aux processus de décision et de créer un comité national de coordination (patients, soignants, fonctionnaires et experts), dont on attend d’ailleurs toujours des nouvelles.

Ce plan d’action, essentiellement centré sur une « réponse médicale » au cancer, vient à échéance cette année. Nous espérons qu’il pourra être évalué en profondeur de manière indépendante et que sa prochaine mouture fera l’objet d’une solide consultation.

Dans le contexte de la réforme des structures que l’on connaît, il est permis de s’interroger à propos de la marge de manœuvre de la Direction québécoise de cancérologie et de ses pouvoirs pour influencer et, au besoin, régir l’organisation de la cancérologie à travers les méga structures de services (CISSS et CIUSSS) mises en place à la suite de la réforme du ministre Gaétan Barrette.

(1) Projet de loi no 3 3 – Loi sur l’Agence québécoise du cancer, présenté par monsieur Éric Caire, député de La Peltrie, Assemblée nationale du Québec, 38e législature, 1re session, 16 avril 2008

(2) Rapport d’appréciation de la performance du système de santé et de services sociaux 2010,

Commissaire à la santé et au bien-être, mai 2010
(3) Discours inaugural du Premier ministre, monsieur Jean Charest, 39e législature, 2e session, Assemblée nationale du Québec, 23 février 2011

[/content_band]